Ingénieur particulièrement sensible à l’Art nouveau, Édouard Hannon se fait construire un hôtel particulier sur un terrain d’angle, bordé par l’avenue de la Jonction et l’avenue Brugmann. Il contacte Jules Brunfaut en 1902 pour finaliser le projet. À sa demande, l’architecte va s’éloigner de son éclectisme habituel et s’inspirer des concepts mis à l’honneur par Horta, Van Rysselberghe et van de Velde, imaginant une façade dont le classicisme évident est contrebalancé par certains détails fortement inspirés par l’Art nouveau. Ainsi, la ligne souple des balcons offre un heureux contrepoint à la sévérité de l’angle décoré d’un bas-relief de Victor Rousseau. L’incurvation du soubassement en pierre d’Euville supporte les ferronneries du jardin d’hiver. Véritable chef-d’œuvre, la cage d'escalier se distingue par une rampe en fer forgé de Pierre Desmedt et des fresques oniriques dues au peintre rouennais Paul-Albert Baudouin (1844-1931), aussi auteur de la frise du fumoir, datée de 1904. Contrairement aux cages d’escalier de Victor Horta, celle de l’hôtel Hannon est dépourvue de lanterneau mais bénéficie d’une lumière indirecte qui provient notamment des portes du fumoir et du salon pourvues de verres américains légèrement ambrés. Au sol, on profite d’une remarquable mosaïque aux enroulements ondoyants. Les vitraux des baies, à motifs végétaux, sont signés par Raphaël Evaldre et la firme Tiffany tandis que la décoration et le mobilier aujourd’hui disparu avaient été confiés à Émile Gallé et Louis Majorelle. L’Hôtel devenu musée a fait l’objet d’une restauration en profondeur. Il est à nouveau accessible au public depuis juin 2023. (Classé – 18/11/1976)

En 1900, alors que la révolution industrielle bat son plein, des artistes comme Paul Hankar, Henry van de Velde, Gustave Serrurier-Bovy et d’autres se veulent les acteurs d’une révolution des modes de vie. Leur art devient total. En France également, Émile Gallé, que le couple Hannon collectionnait, crée l’École de Nancy. A la recherche des mêmes idéaux que les Belges, il y répond de façon diamétralement différente, par la défense d’un artisanat de qualité face à l’industrialisation.

Grâce à ces initiatives, l’art au quotidien se décline sur-mesure et répond à la demande d’une classe sociale émergeante qui souhaite s’affirmer comme classe à part entière.

L’Art nouveau est-il parvenu à se saisir de cet idéalisme ? Est-il devenu un art pour tous ?

L’équipe de la Maison Hannon propose des visites-débats autour de ces questions, à travers la découverte du lieu et de la première exposition « Art(s) nouveau(x) belge(s) ».