Située à Molenbeek-Saint-Jean, au cœur du « Petit Manchester » bruxellois, La Fonderie est un acteur historique du patrimoine de la ville. En tant que Musée des Industries et du Travail, elle propose une approche originale de l’histoire industrielle bruxelloise à travers un site, un musée, un centre de documentation, une programmation culturelle et éducative et des expositions temporaires. Les bâtiments qu’elle occupe – une ancienne fonderie et divers ateliers – ont été construits à partir de 1862 par une petite société qui deviendra, en 1878, la Compagnie des Bronzes, une fonderie d’art (1854-1979) spécialisée dans la réalisation de statues monumentales, de luminaires et d’objets de décoration en zinc, bronze, fer et autres métaux. Particulièrement reconnue et qualifiée, la société réalisa d’importants projets à l’échelle internationale, comme les grilles du zoo de New York ou le mémorial de Lord Leighton à la cathédrale Saint-Paul à Londres. Plus localement, elle est également à l’origine des statues du Petit Sablon et de celle du roi Albert Ier, au Mont des Arts. Avec le déclin du secteur industriel, la société ferme ses portes en 1979. Alors que la ville se transforme profondément à la sortie des glorieuses et s’oriente vers les secteurs tertiaires et de la consommation mondialisée, la Compagnie des Bronzes participe, comme beaucoup d’autres entreprises, manufactures ou ateliers au vaste phénomène de désindustrialisation de la ville, laissant vacant un site exceptionnel dans un quartier fortement fragilisé. Là se termine sa première histoire, symbolique de la croissance économique et industrielle de Bruxelles au XIXe siècle jusqu’à l’après Seconde Guerre mondiale et commencera la suivante, lorsqu’émerge l’asbl La Fonderie en 1983 qui permet de sauver le site de l’ancienne fonderie et, en toute urgence, d’autres patrimoines industriels mobiliers et immobiliers. Ce sont les années des projets titanesques à Molenbeek-Saint-Jean, du percement du métro à l’autoroute urbaine du boulevard Machtens. S’y mêlent la planification urbanistique des administrations et les destructions du patrimoine mais aussi la lutte et la militance de mouvements citoyens dont émerge La Fonderie. Portée par Guido Vanderhulst, dans le sillage d’autres initiatives autour du paysage urbain et du droit à la ville pour tous, elle deviendra un lieu d’actions, de débats et de projets articulant la nécessité de préserver les patrimoines industriels à celle d’en faire des lieux vivants ayant un sens pour les habitants de la ville.

Pendant l’atelier familles « Plus belle ma ville », les participant·es seront invité·es à couler des matériaux divers dont du plâtre coloré et du béton teinté, dans des moules simples. Les modules ainsi réalisés seront ensuite assemblés les uns aux autres pour former des ensembles, des unités d’habitation, des aménagements urbains, à la manière d’un grand jeu de construction collectif. Ainsi, la ville se déploiera au fur et à mesure de l’après-midi sur une grande surface au sol, croisant les réflexions sur ses fonctions, ses usages individuels ou collectifs ainsi que les notions de préservation, de planification, de destruction, de réutilisation ou de construction.

La Fonderie vous propose également d’assister à la projection du film « La Fonderie du Vieux Molenbeek ». En 1985, six ans après sa faillite, Marianne Osteaux réalisait un film sur le site de l’ancienne Fonderie, y interrogeant à la fois d’anciens ouvriers et plusieurs porteurs du projet de réaffectation (voire de rénovation) de l’époque. Le film s’ouvre sur le toit percé de la grande halle de l’ancienne fonderie et sur les machines oubliées. On y assiste au sauvetage, souvent rocambolesque, du patrimoine de la Compagnie des Bronzes. On y aborde la nécessité de sauver ce patrimoine unique, grand témoin de la vie ouvrière du Vieux Molenbeek et de Bruxelles. On y questionne le sens de sa préservation face aux enjeux de la ville. On y présente les projets d’alors avec, à l’appui, d’autres expériences de réaffectation et d’expériences muséales dont l’écomusée de l’Avesnois en France. Cette projection sera suivie d’une rencontre-débat, durant laquelle, presque 40 ans plus tard, le projet de la Fonderie sera réenvisagé. La réalisatrice sera présente, ainsi que Marion Alecian pour l’ARAU, Claire Scohier pour l’IEB, un représentant de l’écomusée de l’Avesnois et Christine Schaut en tant que sociologue spécialiste de la mise à l’épreuve des politiques de la ville par leurs usager·ères.